L'alimentation chez les bébés. Voilà un sujet qui fait sourciller plusieurs parents et futurs parents! Suite à un petit sondage maison, nous avons posé VOS questions à Cosette Gergès, cofondatrice de l'entreprise Nutritionnistes en pédiatrie, et sa collègue Mélissa Larivière. Prêt·e à devenir un·e pro de l'alimentation?
Tout d'abord, avez-vous quelques conseils pour une alimentation équilibrée lors de la grossesse?
Les bases sont les mêmes qu’avant la grossesse. On continue d’encourager la consommation d’aliments provenant des différents groupes alimentaires comme proposé par le guide alimentaire canadien. On n’a pas besoin de manger pour 2 ni même de manger 2x mieux, cela ajoute un stress inutile chez la future maman. Pour combler les besoins augmentés de la grossesse, plus particulièrement au 2e et 3e trimestre, prenez l’habitude de manger régulièrement (environ tous les 2 à 3 heures) plutôt que d’essayer de manger plus.
Entre lait maternel et formule maternisée (pour une maman qui doit choisir ou qui choisit de ne pas allaiter): comment s’assurer que l’enfant ait tout ce dont il a besoin en termes de nutriments?
Les recommandations de Santé Canada, de la Société canadienne de pédiatrie et des Diététistes du Canada sont les suivantes: « Les préparations commerciales pour nourrissons représentent parfois le meilleur choix pratique lorsqu’un bébé ne peut pas être allaité exclusivement par sa mère. » Donc jusqu’à l’âge de 6 mois environ, on s’attend à ce que les besoins de bébé soient couverts par le lait maternel OU par les préparations commerciales pour nourrissons.
À ce jour, il n’existe aucune preuve qu’une marque est meilleure qu’une autre. Les PCN offertes par les fabricants sont de qualité comparable. Seule recommandation: privilégiez les préparations enrichies de fer pour prévenir l’anémie, et ce, dès la naissance. La Société canadienne de pédiatrie, les Diététistes du Canada et Santé Canada recommandent de donner des PCN enrichies de fer aux bébés qui ne sont pas nourris au lait maternel jusqu’à l’âge de 9 à 12 mois.
La question qui brûle toutes les lèvres: Purée, DME ou mixte?
On entend parfois la phrase suivante et ses variantes lorsqu’on parle de la DME : « J’ai l’impression que c’est très rigide comme pratique... » On vous rassure : ce n’est pas un combat des purées contre les morceaux! On peut d’ailleurs tous les aimer! L’approche mixte ou l’alimentation menée par l’enfant et le parent (AME et AMP) est une façon de nourrir bébé qui colle beaucoup à la réalité des parents. Et ça ressemble à quoi? Certains parents entament la diversification classique pendant quelques semaines pour réaliser que bébé apprécie se faire nourrir par sa figure d’attachement, mais qu’il leur montre aussi son désir d’autonomie.
Quoi faire? Cesser de nourrir bébé et passer à côté de ces moments de partage et de connexion au nom de l’étiquette DME? Pas nécessairement. Bébé peut être nourri par son parent pour certains aliments ou certains repas, et être exposé aux aliments en morceaux en même temps pour répondre à son besoin d’autonomie.
C’est ça, être sensible aux besoins du bébé: on l’observe et on ajuste notre approche. Être sensible aux besoins des parents est important également. Il se peut que, certains matins, vous n’ayez pas la patience de voir bébé se faire un masque facial avec sa rôtie au beurre d’arachide. Il se peut que vous ayez un rendez-vous et que votre temps soit compté. Il se peut aussi qu’en présence de certains membres de l’entourage, offrir les aliments à la cuillère soit une meilleure option pour votre santé mentale... Tout se peut! Et peu importe votre scénario du jour, il se peut que nourrir bébé à la cuillère, pour certains aliments ou certains repas, réponde à vos besoins communs. Pourquoi pas alors? Toute approche en alimentation se doit d’être adaptative et inclusive. L’approche en alimentation ne doit pas être prédominante sur les capacités de bébé et les limites des parents. Il y a autant de manières de nourrir un bébé qu’il y a de bébés qui mangent.
Purée du commerce ou purée maison? Congelée ou non?
Toutes les réponses sont bonnes! Selon la réalité et les besoins du parent, les alimentsen purée peuvent être préparés maison, mais il y a des versions commerciales qui sont toutà fait adéquates. Dans ce cas, on recherche des purées de fruits, légumes, viandes,poisson ou autre qui ne contiennent que l’aliment et parfois un peu d’eau, donc le moinsd’ingrédients possibles, sans sel ni sucre ajoutés.
Pour ce qui est de la congélation, qu'elle soit achetée du commerce ou faite maison, une fois la purée décongelée, elle ne peut être congelée à nouveau. Pour une conservationplus longue et pour éviter le gaspillage, on vous suggère de congeler les aliments (faitsmaison) en petites portions d’environ 30 ml. Une fois décongelé, un alimentpeut se conserver 2 à 3 jours au réfrigérateur pour source végétale et 1 à 2 jours pourviandes, volaille, poisson, fruits de mer.
Comment obtenir un repas équilibré?
Le rôle du parent est de proposer une variété d’aliments au courant de la journée! Par exemple dans une assiette de bébé on suggère de proposer un aliment source de fer: source animale ou végétale; un aliment riche en vitamine C: souvent un fruit et/ou légume; un aliment source de grains, entiers idéalement: quinoa, riz, pâtes, pains, etc; une source de matières grasses: présente dans un aliment comme les viandes, les produits laitiers, les graines moulues, l’avocat ou un ajout lors de la cuisson ou dans l’assiette de l’enfant tel que les huiles variées.
Comment fait-on pour reconnaître les signaux de rassasiement?
Nous divisons les signaux en 3 niveaux d’alerte.
Alerte verte:
● Bébé pointe ou se penche vers les aliments.
● Il exprime sa joie à l’arrivée des aliments.
● Il ouvre la bouche ou suit la cuillère pour démontrer le désir d’une
bouchée/cuillérée.
● Il vocalise sa faim par des sons ou fait des signes.
Alerte jaune:
● Bébé démontre de l’impatience/de l’irritabilité.
● Il tente de grimper dans sa chaise haute.
● Il rôde dans la cuisine.
Alerte rouge:
● Bébé pleure ou crie.
Finalement, avez-vous quelques astuces à donner aux parents dont le bébé refuse de manger ou est difficile?
Il y a toujours une raison derrière un refus. Alors avant de chercher les trucs et astuces il faut essayer de comprendre la raison derrière le comportement.
On n’aide pas les parents en leur lançant des recommandations sans poser des questions. On doit connaître le bébé, la réalité et les valeurs familiales et les pratiques parentales à table afin que les trucs et astuces proposés soient réalistes pour les familles. Nourrir un enfant demande de la patience, de la confiance, un certain lâcher prise et parfois une mise à jour des connaissances. Le parent est ou devient celui qui connaît le mieux son bébé et les solutions viennent souvent naturellement lorsqu’il se connecte à sa sensibilité parentale. Parmi les questions à se poser:
1- Est-ce que bébé a faim; je reconnais ses signes de faim et rassasiement?
2- Est-ce que bébé est malade ? fatigué? poussée de croissance? poussée dentaire?adaptation en garderie?
3- Est-ce que bébé est en position de réussite: position assise, absence de distraction,approche sensible à ses besoins, etc.
4- Est-ce que les aliments proposés correspondent à son stage de développement pour lamastication et la motricité fine? La grosseur, le format et la texture de l’aliment.
5- Est-ce que je tiens compte du tempérament de mon bébé et de son niveau de désird’autonomie?
6- Est-ce que mon style parental est en cohésion avec le coparent?
7- Est-ce que bébé cherche, par tous les moyens, la connexion avec sa figure d’attachement
au moment du repas?
Et bien plus!
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Bon appétit!